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Ethnie S’tieng (Xtiêng) dans les Hauts Plateaux du Vietnam

Discrète mais profondément attachante, l’ethnie S’tieng (Xtiêng) fait partie des communautés les plus anciennes des Hauts Plateaux du Centre et du Sud-Est du Vietnam. Depuis des générations, les S’tieng vivent en harmonie avec la forêt, la terre et les saisons, transmettant avec fierté leurs traditions, leurs croyances et leur art de vivre.

À travers leurs fêtes agricoles, leurs maisons sur pilotis, leurs gongs sacrés et leur sens profond de la communauté, les S’tieng offrent un visage authentique du Vietnam rural. Découvrir cette ethnie, c’est rencontrer un peuple sincère, humble et profondément enraciné dans la nature et dans l’âme du pays.

Ethnie S’tieng (Xtiêng) dans les Hauts Plateaux du Vietnam

1. Noms et identité

L’ethnie Xtiêng, aussi appelée S’tieng, est connue sous plusieurs noms selon les régions : Xa Điêng, Xa Chiêng, Xo Điêng ou Dieng. Elle se compose de différents sous-groupes comme Bù Lơ, Bù Đêk, Bù Biêk, Bu Dip, Bu Dek et Bulac.

Au cœur de leur société, le clan est le pilier de la vie communautaire. Il organise les liens familiaux, les mariages, les rites et la transmission des valeurs, assurant ainsi la cohésion et la continuité de l’identité s’tieng à travers les générations.

2. Population et répartition géographique

Selon le recensement officiel de 2019, l’ethnie S’tieng compte environ 100 752 personnes, avec une répartition relativement équilibrée entre hommes et femmes. Plus de 95 % de la population vit en milieu rural, perpétuant un mode de vie intimement lié à l’agriculture, à la forêt et aux traditions ancestrales.

Les S’tieng sont principalement implantés dans la province de Bình Phước, qui constitue leur territoire historique et culturel majeur. On retrouve également des communautés dans les provinces voisines de Tây Ninh et de Đồng Nai, témoignant de leur présence ancienne dans le Sud-Est du Vietnam.

3. Langue et écriture

Les S’tieng parlent la langue S’tieng, qui appartient au groupe linguistique Môn-Khmer, rattaché à la grande famille austroasiatique. Cette langue présente de fortes proximités linguistiques avec celles des ethnies voisines telles que les Mạ, les Mnông et les Chơ Ro, révélant des racines culturelles communes.

Bien que longtemps transmise uniquement par voie orale, la langue S’tieng s’est dotée d’un système d’écriture basé sur l’alphabet latin avant 1975, contribuant aujourd’hui à la préservation de leur patrimoine linguistique et culturel.

4. Origines et histoire

Les S’tieng ne disposent pas de documents écrits anciens relatant précisément leurs origines. Leur histoire s’est principalement transmise par la tradition orale, à travers des légendes, des mythes fondateurs et des récits ancestraux, transmis de génération en génération.

Les recherches archéologiques et anthropologiques permettent toutefois d’attester de leur implantation très ancienne dans la région du Trường Sơn, des Hauts Plateaux et du Sud-Est du Vietnam. Étroitement liés à la forêt et aux cycles agricoles, les S’tieng ont bâti au fil des siècles un mode de vie profondément enraciné dans la nature.

5. Organisation sociale traditionnelle

La société S’tieng s’organise autour du village, appelé selon les régions “bon”“poh” ou “wang”. Le village constitue l’unité fondamentale de la vie sociale, économique et spirituelle.

À sa tête se trouve le chef du village, nommé Tom Bon ou Tom Wang, choisi pour sa sagesse, son autorité morale et sa connaissance des traditions. Il est assisté par le conseil des anciens, appelé Bu Kuong, composé des doyens les plus respectés.
Traditionnellement, la société était structurée en trois classes sociales :

  • Les riches (Bu Khung), détenteurs de biens précieux comme gongs, jarres, buffles, voire éléphants,
  • Les pauvres libres (Luoi), vivant essentiellement de l’agriculture,
  • Les serviteurs (Kon Dek), dépendants économiquement des familles aisées.

6. Habitat et architecture

Autrefois, les S’tieng vivaient dans de grandes maisons longues communautaires, où cohabitaient plusieurs générations. Ces maisons symbolisaient la solidarité familiale et la cohésion sociale.

Aujourd’hui, cette organisation a évolué vers des maisons familiales individuelles, mieux adaptées au mode de vie contemporain.
Le type d’habitat varie selon la géographie :

  • En zone d’altitude, les maisons sont construites au sol,
  • En zone basse, les maisons sont souvent sur pilotis, pour se protéger de l’humidité et des crues.

Les villages S’tieng sont traditionnellement aménagés selon une organisation circulaire, tournée vers un espace central commun utilisé pour les cérémonies et la vie collective.

7. Activités économiques et agriculture

L’agriculture constitue le pilier fondamental de l’économie S’tieng. Le mode de culture traditionnel repose sur la culture sur brûlis, associant :

  • Le riz pluvial,
  • Et, dans certaines zones, le riz irrigué.

Les pratiques varient selon les sous-groupes :

  • Le groupe Bu Lo pratique une agriculture de montagne,
  • Le groupe Bu Dek cultive des rizières irriguées, influencées par les techniques vietnamiennes.

Les outils agricoles traditionnels comprennent :

  • Haches,
  • Couteaux,
  • Râteaux en bambou.

En complément, les S’tieng pratiquent la chasse, la pêche et la cueillette, ainsi que l’élevage de buffles, porcs et volailles. L’artisanat, notamment le tissage et la vannerie, reste un savoir-faire important.

Les échanges commerciaux se font avec les Vietnamiens, Khmers, Mnông, Mạ, et même avec certaines régions du Cambodge.

8. Alimentation traditionnelle

L’alimentation s’tieng est simple, naturelle et équilibrée. Elle repose principalement sur :

  • Le riz blanc,
  • Le manioc,
  • Les poissons,
  • Et les légumes forestiers et potagers.

Autrefois, les repas se prenaient à la main, une pratique aujourd’hui largement remplacée par l’usage de la cuillère et des baguettes.
Les boissons traditionnelles sont l’eau pour la vie quotidienne, et l’alcool de riz (rượu cần), consommé lors des fêtes, des cérémonies et des grandes rencontres communautaires.

9. Costumes et parures

Les costumes traditionnels des S’tieng reflètent à la fois la simplicité et le sens de l’esthétique.

Autrefois, les hommes portaient le pagne et vivaient souvent torse nu. Les femmes portaient une chemise associée à une jupe longue.
Les bijoux occupent une place essentielle dans l’apparence traditionnelle :

  • Les femmes portent de nombreux bracelets, parfois plus de 20 sur un seul bras,
  • Ainsi que de grandes boucles d’oreilles, autrefois fabriquées en ivoire.

Aujourd’hui, l’évolution vestimentaire est marquée par une adoption progressive des vêtements vietnamiens modernes, tandis que les tenues traditionnelles restent portées lors des fêtes et cérémonies culturelles.

10. Moyens de transport

Le panier dorsal traditionnel, appelé “gùi”, demeure le principal moyen de transport des S’tieng pour porter les récoltes, le bois et les provisions. Dans certaines zones plus ouvertes, on trouve également le chariot tiré par des bœufs, utilisé autrefois pour le transport des produits agricoles.

11. Mariage et vie familiale

Le mariage chez les S’tieng obéit à des règles précises mêlant endogamie de clan et exogamie des lignages, afin de préserver l’équilibre social.
Après l’union, le jeune couple peut vivre chez la famille de l’épouse, selon la tradition.

La dot est un élément central du mariage et se compose traditionnellement de jarres précieuses, de gongs et de buffles. Les coutumes varient selon les sous-groupes locaux, mais partout le mariage reste un acte communautaire fort.

12. Naissance et rites de maternité

La grossesse est entourée de nombreux tabous, destinés à protéger la mère et l’enfant contre les forces invisibles. Autrefois, l’accouchement se déroulait dans un isolement total, souvent à l’écart du village.

Dans certaines régions, on évite toujours la naissance dans la maison, par crainte d’offenser le dieu du riz, force sacrée garante de la subsistance. Aujourd’hui, ces pratiques s’adoucissent progressivement avec l’accès aux services médicaux modernes.

13. Funérailles et rapport à la mort

Les S’tieng fabriquent traditionnellement les cercueils dans des troncs d’arbres creusés. Des objets du quotidien sont déposés dans la tombe pour accompagner le défunt dans l’au-delà.

Contrairement à d’autres peuples, les sépultures ne font pas l’objet de visites régulières. Après un décès, il est interdit de jouer de la musique pendant dix jours, en signe de respect.

Les morts accidentelles donnent lieu à des rituels spécifiques, plus complexes, afin d’éviter que l’âme du défunt ne trouble les vivants.

14. Croyances et spiritualité

Les S’tieng pratiquent un polythéisme animiste : pour eux, tout possède une âme – hommes, animaux, plantes, rivières et objets.
Ils vénèrent de nombreuses divinités naturelles :

  • Le tonnerre
  • Le soleil et la lune
  • La montagne et la rivière
  • Et surtout le dieu du riz, figure centrale de leur vision du monde.

Les rituels s’accompagnent souvent d’offrandes animales – poulets, porcs, buffles – pour implorer protection, fertilité et prospérité.

15. Fêtes et grandes cérémonies

La fête du buffle sacrifié (đâm trâu) est la cérémonie la plus grande et la plus sacrée. Elle est organisée lors d’événements majeurs :

  • Bonne récolte,
  • Succès économique,
  • Victoire symbolique.

Le Nouvel An S’tieng, appelé “cérémonie d’offrande de la paille”, marque la fin des récoltes. Il s’agit d’un rituel de remerciement au dieu du riz, visant à assurer fertilité et abondance pour l’année suivante

16. Musique, arts et traditions orales

Les S’tieng nourrissent une véritable passion pour la musique, élément essentiel de leur vie spirituelle et communautaire.
Les instruments principaux sont :

  • Les gongs,
  • Les cymbales,
  • Les tambours,
  • Les flûtes de bambou.

Les chants rituels, les contes et les récits ancestraux jouent un rôle fondamental dans la transmission de l’histoire et des valeurs. Malheureusement, ce patrimoine musical est aujourd’hui menacé de disparition, en raison des changements de modes de vie.

17. Éducation et situation actuelle

En 2019, le taux d’alphabétisation des S’tieng atteint environ 62 %.
La scolarisation primaire est très élevée, mais les taux chutent au secondaire et au lycée.
Le taux de pauvreté est estimé à environ 4 %, reflétant une amélioration progressive des conditions de vie.
Les S’tieng vivent aujourd’hui une transition délicate entre traditions ancestrales et modernité, cherchant à préserver leur identité tout en s’intégrant aux évolutions économiques et sociales du Vietnam contemporain.

Conclusion – Ethnie S’tieng

L’ethnie S’tieng incarne l’âme profonde des Hauts Plateaux du Centre et du Sud-Est du Vietnam. À travers ses traditions agricoles, ses rites spirituels, sa musique de gongs, son organisation sociale et son lien sacré à la nature, ce peuple discret mais résilient perpétue une civilisation ancienne, façonnée par la forêt, le riz et les ancêtres.
Aujourd’hui, entre préservation des coutumes et ouverture à la modernité, les S’tieng continuent d’écrire leur histoire avec dignité, simplicité et une remarquable richesse culturelle. Les rencontrer, c’est toucher du cœur l’un des visages les plus authentiques du Vietnam.

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