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Le peuple Mạ : une ethnie minoritaire des hauts plateaux du Centre du Vietnam

Parmi les peuples autochtones des hauts plateaux du Centre du Vietnam, les Mạ occupent une place singulière. Installés depuis des siècles au sud du Tây Nguyên, ils ont su préserver une culture riche faite de croyances animistes, de traditions orales, de musique des gongs et de coutumes agricoles. Leur vie communautaire, organisée autour des villages (bon), reflète une harmonie profonde entre la nature, les esprits et l’homme.

Nom autonyme : Mạ
Autres appellations : Châu Mạ, Chô Mạ, Chê Mạ
Groupes locaux : Mạ Ngăn, Mạ Xốp, Mạ Tô, Mạ Krung

Ethnie minoritaire Mạ des hauts plateaux centre du Vietnam

Population des Mạ

Selon les données du recensement des 53 ethnies minoritaires du 1ᵉʳ avril 2019, l’ethnie Mạ compte 50 322 personnes, dont 24 401 hommes et 25 921 femmes.

La taille moyenne des ménages est de 4,7 personnes par foyer.

Origines historiques des Mạ

Les Mạ constituent une ethnie minoritaire vivant depuis très longtemps dans le sud des Hauts Plateaux du Centre (Tây Nguyên).

Leur nom autonyme se décline selon les zones de résidence : on distingue ainsi les Mạ Blao, Mạ Đạ Đơng, Mạ Đạ Huoai, etc.

Par ailleurs, ils se subdivisent en plusieurs groupes locaux, parmi lesquels : Mạ Ngăn, Mạ Xốp, Mạ Tô et Mạ Krung.

Répartition géographique des Mạ

Le peuple Mạ réside principalement dans les régions situées en périphérie du plateau de Đà Lạt, notamment dans les districts de Bảo Lâm, Bảo Lộc, Đạ Huoai, Đức Trọng et Di Linh (province de Lâm Đồng).

On retrouve également une partie de la population Mạ dans les zones tampons de la réserve de la forêt nationale de Cát Tiên, à l’extrême sud-ouest, sur les territoires des provinces de Bình Phước et de Đồng Nai.

Langue

Les Mạ appartiennent à la famille austroasiatique, dans le groupe des langues môn-khmer. Leur langue est apparentée à celles des Mnông, Chơro, Xtiêng, et plus particulièrement des Cơ-ho.

Les Mạ ne disposent pas d’un système d’écriture propre. Depuis 1975, leurs enfants sont scolarisés en vietnamien (langue nationale).

Éducation

D’après le recensement des 53 ethnies minoritaires du 1ᵉʳ avril 2019 :

70,8 % des Mạ âgés de 15 ans et plus savent lire et écrire en vietnamien,
100,1 % des enfants fréquentent l’enseignement primaire,
77,6 % l’enseignement secondaire de premier cycle,
33,3 % l’enseignement secondaire de second cycle,
24,4 % des enfants sont hors du système scolaire,
20,1 % des Mạ âgés de 15 ans et plus savent lire et écrire dans la langue Mạ.

Activités de production des Mạ

Chez les Mạ, l’agriculture sur brûlis joue un rôle central dans la vie économique. Ces champs itinérants sont de type polyculture : en plus du riz, ils cultivent le maïs, les courges, les concombres, le tabac, le coton, etc.

Dans la région de la rivière Đồng Nai, les Mạ pratiquaient également une technique particulière de culture inondée : ils faisaient descendre des troupeaux entiers de buffles dans les rizières afin de piétiner et assouplir la boue, puis procédaient au semis du riz.

Le rendement des champs était calculé de manière traditionnelle, en fonction du nombre de paniers de riz récoltés pour chaque panier de semences semé.

Leurs outils agricoles étaient simples mais efficaces : hache, serpe, couteau, faucille, bâton à fouir et panier dorsal (gùi).

La pêche est également une activité courante. Autrefois, les Mạ connaissaient l’usage de plantes toxiques dont ils broyaient les feuilles pour empoisonner temporairement l’eau des ruisseaux et ainsi capturer plus facilement les poissons.

Par ailleurs, les Mạ sont réputés pour leur culture du coton et leur tissage traditionnel, qui constituent un savoir-faire artisanal ancestral.

Alimentation des Mạ

Le repas principal des Mạ est composé de riz ordinaire, accompagné de sel pimenté, de citronnelle, de pousses de bambou fraîches et de diverses plantes sauvages cueillies en forêt.

Les modes de préparation les plus courants sont simples : griller, bouillir ou préparer des soupes.

Les Mạ apprécient particulièrement le rượu cần (alcool de riz bu à la paille dans une jarre collective) ainsi que le tabac, qu’ils fument à l’aide d’une pipe en bambou (điếu khan).

Vêtements et parures des Mạ

Les femmes Mạ portent une jupe enroulée descendant sous le mollet, associée à un corsage ajusté à enfiler par la tête, long jusqu’à la taille et entièrement fermé.

Les hommes s’habillent d’un pagne et d’une veste ouverte, dont le pan arrière est plus long que le pan avant. Pendant la saison froide, les personnes âgées s’enveloppent d’une couverture en tissu épais.

Les Mạ avaient autrefois pour coutume de tailler les dents (cà răng) et de distendre les lobes des oreilles. Les femmes aiment porter des colliers de perles multicolores.

Les jeunes hommes portent souvent de larges bracelets en bronze aux poignets, décorés de motifs gravés en creux. Ces ornements sont considérés comme des symboles rituels, liés aux cérémonies de sacrifices aux divinités et destinés à leur apporter fraîcheur et protection spirituelle.

Habitat traditionnel des Mạ

Les Mạ vivent regroupés en villages appelés “bon”, chacun occupant un territoire propre, principalement situés sur les hauts plateaux de Bảo Lộc, Di Linh, Ðạ Tẻ ainsi que dans le bassin de la rivière Đồng Nai (province de Lâm Đồng).

Chaque bon comprend généralement 5 à 10 maisons longues sur pilotis. Ces habitations sont construites en bambou, rotin et bois de bương mai, avec une toiture à deux pans recouverte de feuilles de palmier raphia (mây).

La porte principale (appelée cửa mẹ) est caractéristique : elle forme une voûte arquée en bambou, soutenue au-dessus du toit de chaume.

Autour des maisons d’habitation, on trouve de nombreux greniers à riz sur pilotis, bâtis sur de hauts piliers décorés de motifs représentant le pilon et le mortier, symboles de fertilité et de prospérité.

Organisation sociale des Mạ

Chez les Mạ, le village (bon) constitue l’unité sociale suprême. Il est dirigé par un chef de village (quăng bon), chargé notamment de présider les rituels et cérémonies communautaires.

La société Mạ repose sur deux types de structures familiales, toutes deux de caractère patriarcal :

la grande famille élargie, et la famille nucléaire.

Le chef de la grande famille est généralement l’aîné du lignage, appartenant à la génération la plus âgée. Il détient l’autorité sur l’ensemble des affaires familiales et garde la responsabilité des objets de valeur rituelle, tels que les gongs et les jarres de céramique (ché), considérés comme des biens précieux et sacrés.

Mariage chez les Mạ

Selon la coutume des Mạ, les mariages au sein de la parenté sont permis, mais seulement à partir de la troisième génération. Les jeunes hommes et femmes jouissent d’une égalité de droit et sont libres de se choisir un partenaire.

Le mode de résidence postnuptiale est en principe virilocal (chez la famille du mari). Toutefois, après la cérémonie de mariage, le mari doit souvent résider chez la famille de l’épouse durant quelques années. Dans les familles modestes, cette période peut se prolonger.

Si le mari apporte une dot complète à la famille de la mariée, il n’est alors tenu de résider chez elle que huit jours seulement avant de retourner vivre du côté du mari.

Naissance et rituels liés à l’enfance chez les Mạ

Lorsqu’une naissance a lieu, le traitement du placenta varie selon le sexe de l’enfant :

pour un garçon, le placenta est placé dans une calebasse séchée et enterré devant la maison ; pour une fille, il est enterré derrière la maison.

Le huitième jour après la naissance, la mère sort dans la cour avec son enfant pour l’exposer au soleil.

Si c’est un garçon, on lui remet symboliquement une serpe (xà gạc), une arbalète et un couteau à tailler les bambous.

Si c’est une fille, elle porte un panier dorsal (gùi), une hache pour fendre le bois et une sacoche à riz.

Ces gestes représentent l’initiation aux rôles sociaux traditionnels de chaque sexe dès le plus jeune âge.

Croyances et culte des Mạ

Les Mạ croient en l’existence de puissances surnaturelles appelées Yang (esprits ou divinités). Leur panthéon comprend de nombreuses entités protectrices liées à la vie quotidienne et à la nature, parmi lesquelles :

Yang Hiu : l’esprit de la maison,
Yang Koi : l’esprit du riz,
Yang Bơnơm : l’esprit de la montagne.

Les cérémonies de culte consistent généralement en des sacrifices d’animaux domestiques, offerts lors d’événements importants : une bonne récolte, une naissance, une maladie, un décès.

La plus grande cérémonie sacrificielle est le rite du sacrifice du buffle (lễ đâm trâu), célébré à la fin de la saison des cultures sur brûlis. Cet acte collectif, à la fois religieux et festif, symbolise la gratitude envers les divinités et la demande de prospérité pour la communauté.

Calendrier

Les Mạ suivent le calendrier lunaire, en accord avec leurs rythmes agricoles et rituels.

Éducation et transmission

Les Mạ n’ont pas développé d’écriture propre. Leur culture repose sur la tradition orale, transmise de génération en génération par la mémoire et la récitation.

Littérature et arts populaires

Leur patrimoine culturel est riche en légendes, contes anciens et en chants populaires lyriques appelés “tam bớt”. Ces récits et chants reflètent à la fois leur vision du monde et leur sensibilité poétique.

Musique et instruments

Les Mạ possèdent un ensemble instrumental distinctif : un jeu de six gongs en bronze (sans bosse centrale). Lors des exécutions collectives, un tambour recouvert de peau de buffle donne le signal d’ouverture, assure le rythme et marque les cadences finales.

Les hommes Mạ jouent également de divers instruments à vent :

le khèn bầu (orgue à bouche à résonateur de calebasse),
la flûte de bambou,
et la trompe en corne de buffle.

Conclusion

L’ethnie Mạ, avec ses traditions agricoles, ses croyances animistes, ses récits oraux et la musique envoûtante de ses gongs, illustre la richesse culturelle du Tây Nguyên. À travers leurs villages sur pilotis, leurs fêtes communautaires et leurs savoir-faire artisanaux, les Mạ perpétuent un patrimoine vivant qui relie profondément l’homme à la nature et au monde spirituel.

Découvrir les Mạ, c’est plonger dans un univers encore authentique, loin des sentiers battus, où chaque rencontre devient une expérience humaine précieuse.

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